2015–2022 :Le NFP version Portuguaise au pouvoir !
Salut à Toutes et tous ,
Cet article met en évidence ce qu’aurait pu être un gouvernement Castet si E. Macron avait choisi le NFP pour gouverner. On peut en tirer plusieurs conclusion politiques majeures :
– Le programme du NFP fonctionne ! Les chiffres économiques sur la période sont parlant !
– Le partenariat avec le PS est toxique et abouti à la décrédibilisation du Bloc de Gauche Radicale.
Voici un récit synthétique et structuré de la période politique portugaise allant de 2015 à 2022, mettant en perspective les dynamiques électorales, les politiques mises en œuvre, les rapports entre le PS et le Bloc de gauche, ainsi que la montée de Chega. C’est une lecture chronologique enrichie par l’analyse des divergences idéologiques et des stratégies de campagne.
1. 2015 : La naissance de la « geringonça » (Le Bidule !)
En octobre 2015, le Portugal tourne une page. Après quatre ans d’austérité imposée par la troïka, le Parti socialiste (PS) d’António Costa arrive deuxième aux législatives derrière la droite, mais parvient à former une alliance parlementaire inédite avec le Bloc de gauche (BE) et le Parti communiste (PCP) : la « geringonça », alliance fragile mais symbolique.
Cette coalition minoritaire de gauche repose sur un contrat de législature sans ministres du BE ni du PCP, mais avec des engagements programmatiques communs.
2. 2015–2019 : Relance sociale et rigueur budgétaire
Sous pression populaire, le PS mène des politiques de reconquête sociale :
- Hausse du salaire minimum (505 € → 600 €),
- Rétablissement de droits sociaux supprimés sous l’austérité,
- Soutien modéré aux services publics (notamment santé et éducation).
Mais Costa reste fidèle à la discipline budgétaire :
- Réduction du déficit public de -4,4 % à +0,1 % (excédent en 2019),
- Stabilisation des dépenses publiques,
- Refus de grandes réformes structurelles (logement, fiscalité, code du travail).
Le BE soutient bon gré mal gré cette ligne, tout en revendiquant davantage de justice sociale. Le compromis fonctionne, mais les tensions sont sous-jacentes.
3. 2019 : Reconduction du PS, mais la coalition se fissure
En 2019, le PS remporte les élections avec 36 % mais sans majorité absolue. Il décide de gouverner seul, sans reconduire formellement l’accord de la « geringonça ».
Le BE et le PCP soutiennent certaines lois, mais refusent le rôle de béquilles passives. L’ambiguïté s’installe : soutien critique ou opposition constructive ?
4. 2021 : La rupture autour du budget
Le budget 2022 devient un point de rupture. Le BE dénonce :
- Le sous-financement chronique du service public de santé,
- L’absence de réformes sociales ambitieuses (retraite, logement, contrats précaires),
- Le maintien des règles d’austérité douce.
En octobre 2021, le BE vote contre le budget, entraînant sa chute. Pour le PS, c’est un acte d’irresponsabilité en pleine sortie de crise sanitaire. Le président dissout l’Assemblée.
5. Janvier 2022 : Le PS écrase la concurrence
La campagne électorale tourne à l’avantage d’António Costa, qui mobilise trois arguments puissants :
- Stabilité : « Seule une majorité PS évite les blocages. »
- Responsabilité : Le BE a fait tomber la gauche.
- Vote utile : Face à la menace de la droite (PSD) et de l’extrême droite (Chega), voter PS devient un réflexe défensif.
Résultat : majorité absolue pour le PS (117 sièges), effondrement du BE (de 9,5 % à 4,5 %) et du PCP, et ascension spectaculaire de Chega (12 sièges).
6. Chega : la poussée d’un populisme autoritaire
À contre-courant de l’histoire politique portugaise, Chega, mené par André Ventura, s’impose à partir de 2019 :
- 1 député en 2019 → 12 en 2022 → ~18 % en 2024.
- Discours identitaire, anti-Roms, anti-féministe, autoritaire.
- Récupère les frustrations sociales, l’abstentionnisme et une partie de l’électorat populaire.
Il devient la troisième force politique du pays, obligeant la droite à composer avec lui, et réactivant les clivages profonds au sein de la société portugaise.
Conclusion : une décennie entre illusion d’union et recomposition
La gauche portugaise a prouvé en 2015 qu’elle pouvait s’unir pour rompre avec l’austérité. Mais cette union, plus tactique qu’idéologique, n’a pas résisté à l’épreuve du pouvoir prolongé.
Le PS a consolidé son hégémonie en alternant concessions sociales et orthodoxie budgétaire. Le BE, tiraillé entre responsabilité et radicalité, a perdu son espace.
La crise politique de 2021–2022 a fait basculer le paysage :
- Le PS gouverne seul,
- Le BE est marginalisé,
- Chega impose une nouvelle polarisation.
Depuis 2022, le paysage politique portugais a connu une instabilité notable, marquée par des élections anticipées et des changements de gouvernement. Le 10 mars 2024, des élections législatives anticipées ont été organisées à la suite de la démission du Premier ministre socialiste António Costa, impliqué dans une enquête sur des contrats liés au lithium et à l’hydrogène. Ces élections ont vu la coalition de centre-droit Alliance démocratique (AD), dirigée par Luís Montenegro, arriver en tête avec 30,15 % des voix et 80 sièges, suivie du Parti socialiste (PS) avec 29,26 % et 78 sièges. Le parti d’extrême droite Chega a réalisé une percée significative, obtenant 18,88 % des voix et 50 sièges, quadruplant ainsi sa représentation parlementaire.
Malgré sa victoire, l’AD n’a pas obtenu de majorité absolue et a formé un gouvernement minoritaire. Cependant, ce gouvernement a été confronté à des défis, notamment l’échec de l’adoption du budget 2025, ce qui a conduit à une motion de censure et à la dissolution du Parlement par le président Marcelo Rebelo de Sousa.
Des élections anticipées ont donc été convoquées pour le 18 mai 2025, marquant la troisième élection législative en trois ans. Les sondages indiquent une avance de l’AD avec environ 33 % des intentions de vote, suivie du PS à 26 % et de Chega à 17 %. Toutefois, aucune formation ne semble en mesure d’obtenir une majorité absolue, laissant présager la formation d’un nouveau gouvernement minoritaire ou de coalition
La montée en puissance de Chega, notamment parmi les jeunes électeurs, reflète une polarisation accrue du paysage politique portugais. Le parti capitalise sur des thèmes tels que la crise du logement, l’immigration et la sécurité, attirant un électorat en quête de solutions radicales.
En résumé, le Portugal traverse une période d’instabilité politique, caractérisée par des gouvernements minoritaires successifs et une fragmentation croissante du Parlement. La formation d’une majorité stable reste incertaine, et la montée de l’extrême droite ajoute une complexité supplémentaire à la configuration politique du pays.