La Reindustrialisation : Comment et pourquoi !

La Réindustrialisation

C’est l’un des chantiers majeurs des prochaines décennies, et il me semble indispensable que la gauche engage une réflexion profonde sur ce sujet. Quelles solutions pouvons-nous envisager pour impulser, de manière pérenne, le redéploiement d’une industrie manufacturière en France ? Et quelle industrie souhaitons-nous développer ?

Jusqu’à présent, la réindustrialisation a été abordée principalement sous l’angle de l’investissement privé, encouragé par un éventail de facilités, de dérogations et de subventions publiques. L’État, quant à lui, se retrouve rarement bénéficiaire en cas de succès, mais toujours sollicité en cas d’échec.
Historiquement, son rôle dans l’emploi se limitait au secteur public et au fonctionnariat. Mais à l’avenir, il devra jouer un rôle plus direct dans la création et le développement de nouvelles filières industrielles nationales.

Un concept économique essentiel mérite d’être rappelé : celui de l’économie mixte.

Une économie mixte combine des éléments de marché libre et d’intervention de l’État, s’inscrivant ainsi dans un équilibre entre capitalisme et socialisme. Dans ce modèle, la propriété privée coexiste avec une régulation publique visant à corriger les défaillances du marché et à garantir des objectifs d’intérêt général. Nous vivons déjà dans une telle société, ce qui signifie que nous avons toute latitude pour en ajuster les règles.

Pourquoi ne pas imaginer un ministère de l’Industrie doté d’un budget dédié à la création de coopératives ouvrières sur le territoire ? Une industrie nouvelle, qui ne reposerait pas uniquement sur la recherche du profit, mais sur la pérennité de son activité. Ses performances ne seraient pas évaluées uniquement en termes de dividendes ou de valeur boursière, mais intégreraient des critères tels que le bénéfice écologique, l’impact social et l’utilité concrète pour la population.

Prenons un exemple concret pour illustrer cette vision.

Choix du produit

Si nous voulons développer une nouvelle filière industrielle en France, nous devons commencer par choisir un produit en suivant plusieurs principes :

  1. Ne pas concurrencer les filières manufacturières existantes sur le territoire.
  2. Répondre à un besoin essentiel ou quotidien des citoyens.
  3. Respecter la « règle verte », c’est-à-dire s’assurer que la fabrication soit écologique et s’appuie sur des ressources locales.
  4. S’organiser sous forme de coopératives afin de garantir un mode de production durable et équitable.

Dans cette logique, en tant que futur ministre de l’Industrie, je proposerais la création d’une nouvelle industrie dédiée à la fabrication d’éoliennes individuelles.

Une réindustrialisation stratégique et responsable

1. Une souveraineté industrielle et énergétique accrue

La désindustrialisation a rendu la France dépendante de chaînes d’approvisionnement internationales fragiles. Relocaliser des industries stratégiques permettrait de réduire cette dépendance et de garantir notre autonomie, notamment dans le domaine de l’énergie.

En développant une filière de production d’éoliennes individuelles, on renforce la souveraineté énergétique du pays tout en offrant aux citoyens une solution concrète pour produire leur propre électricité.

2. Une réponse aux crises climatiques et sociales

La réindustrialisation ne peut se faire en reproduisant les erreurs du passé. Il faut une industrie écologiquement responsable et socialement juste.

  • Transition énergétique : Face à l’urgence climatique, il est impératif de produire des énergies renouvelables localement. L’éolien individuel permettrait de réduire l’empreinte carbone tout en diminuant la dépendance aux énergies fossiles.
  • Création d’emplois locaux : Une industrie coopérative favorise l’ancrage territorial et assure des emplois durables et non délocalisables. Contrairement aux grands groupes, les coopératives mettent l’humain au cœur de leur fonctionnement, limitant ainsi la précarité et favorisant le partage équitable des richesses.

3. Un modèle économique innovant et solidaire

Plutôt que de laisser le marché dicter ses règles, l’État pourrait jouer un rôle structurant en soutenant un modèle coopératif et pérenne, où :

  • L’objectif n’est pas la rentabilité immédiate, mais l’utilité sociale et écologique.
  • Les profits sont réinvestis dans l’innovation, la formation et la qualité de vie des travailleurs.
  • La gouvernance est participative, impliquant les travailleurs et les collectivités locales.

4. Un État stratège plutôt que spectateur

L’État doit redevenir un acteur clé de l’innovation industrielle, plutôt qu’un simple arbitre du marché. Après tout, les grandes réussites industrielles françaises (nucléaire, spatial, TGV) n’auraient jamais vu le jour sans une vision étatique forte.

Pourquoi ne pas créer un « Airbus de l’éolien individuel », sous gouvernance coopérative ?

5. Une réduction des inégalités et un levier pour la cohésion sociale

  • Une industrie locale et coopérative permettrait une meilleure redistribution des richesses, contrairement aux multinationales où les profits sont souvent concentrés entre les mains d’actionnaires.
  • En relocalisant des activités dans les territoires en difficulté, on lutte contre l’exode rural et la désertification industrielle.
  • Une politique industrielle inclusive renforcerait la cohésion sociale en donnant aux citoyens un rôle actif dans leur développement économique.

6. Une opportunité dans le cadre européen et international

L’Union européenne encourage la réindustrialisation verte et soutient les initiatives favorisant la transition énergétique. La France pourrait tirer parti de ces programmes pour financer et structurer des projets industriels innovants et durables.

Avec cette approche, la réindustrialisation ne serait plus seulement un vœu pieux, mais une véritable transformation structurelle, au service d’une économie plus résiliente, équitable et durable.

La suite bientôt !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *