Associative et libérale côte à côte .

L’économie associative et l’économie libérale peuvent coexister, mais reposent sur des logiques opposées.
La première privilégie la coopération, l’utilité sociale et la gestion démocratique des ressources ; la seconde valorise la compétition, le profit et la propriété privée. Lorsque ces deux modèles cohabitent, il est essentiel que chacun assume ses responsabilités : l’économie associative pour garantir l’accès aux biens communs, l’économie libérale pour financer l’usage des infrastructures collectives qu’elle exploite. Cette coexistence ne peut être juste que si les règles du jeu sont claires, équilibrées et transparentes.


🔗 1. Trois types de rapports possibles avec l’économie libérale

Type de lienLogiqueExemples
CoopérationIntégration partielle ou pragmatiqueAchats groupés, sous-traitance éthique, partenariat avec PME locales
CoexistenceSphères séparées mais en interactionMarché dual : commerce bio solidaire / grande distribution
Conflit / confrontationOpposition de valeurs et d’objectifsRésistance à l’accaparement des terres, dénonciation des multinationales, actions de désobéissance économique

🧭 2. Objectif stratégique : créer une économie parallèle, puis dominante

L’économie associative ne doit pas chercher à remplacer brutalement le libéralisme, mais à :

  • construire une masse critique de circuits autonomes,
  • capter et détourner les flux,
  • développer une force d’attraction (valeurs, résilience, utilité sociale),
  • délégitimer progressivement la logique capitaliste dans l’imaginaire collectif.

⚙️ 3. Mécanismes concrets d’interaction

🔹 a) Complémentarité organisée

  • Coopératives pouvant vendre à des clients issus du secteur privé.
  • Monnaies locales complémentaires à l’euro (non exclusives).
  • Collectivités servant de ponts entre les deux logiques (commande publique fléchée vers le local associatif).

🔹 b) Zones franches ou protectrices

  • Mise en place de « zones de résilience économique » : circuits courts, monnaies locales, loyers régulés, plafonnement des marges.
  • Écosystèmes coopératifs : logistique, assurance, banque, production.

🔹 c) Concurrence éthique assumée

  • Prix justes VS prix bas, transparence VS opacité.
  • Mise en récit : montrer que l’économie libérale nuit au bien commun.
  • Exemples : les AMAP concurrencent la grande distribution, les mutuelles de santé concurrencent les assureurs.

🏛️ 4. Quelle place pour l’État ?

  • Régulateur et facilitateur, garant de la pluralité économique.
  • Incitations fiscales, juridiques et contractuelles à la transition associative.
  • Possibilité de légiférer pour restreindre les abus du marché libéral (évasion fiscale, rente foncière, monopoles…).

🧩 5. Le rôle du citoyen-consommateur-producteur

  • Chaque personne devient actrice économique :
    • en consommant dans les circuits solidaires,
    • en produisant via coopératives ou systèmes d’échange,
    • en finançant via monnaies locales ou investissements éthiques.

Autrement dit : l’économie associative s’imbrique dans l’économie libérale comme une contre-société dans la société dominante.


📌 En résumé : une stratégie en 4 temps

  1. Implanter des noyaux solides (coopératives, monnaies, réseaux solidaires).
  2. Tisser des ponts tactiques avec les secteurs compatibles de l’économie libérale.
  3. Démontrer la supériorité sociale et écologique de l’économie associative.
  4. Renverser les priorités collectives par la culture, l’éducation et l’expérience vécue.

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