RN–Macron : la déflagration finale ou la recomposition inévitable ?
par Morpheus · octobre 2025
La politique française n’avance plus, elle implose à petit feu.
Depuis 2022, l’Assemblée nationale ressemble à un champ de ruines : pas de majorité stable, pas de projet partagé, pas même un langage commun. Le pays flotte entre paralysie et colère.
Et dans ce chaos, une question s’impose de plus en plus ouvertement : et si Macron finissait par gouverner avec le RN ?
🔢 L’arithmétique du pouvoir
Les chiffres sont têtus.
À eux deux, Renaissance (≈170 sièges) et le Rassemblement National (≈120 sièges) atteignent presque la majorité absolue.
Avec MoDem et Horizons, le camp présidentiel dispose d’un bloc d’environ 250 députés.
Il lui manque une quarantaine de voix pour gouverner sereinement — exactement ce que pèserait un “accord de raison” avec le RN.
L’addition est simple, et la tentation est grande.
Les votes communs se multiplient déjà sur la sécurité, l’immigration, ou le nucléaire.
L’alliance n’est plus une hypothèse, c’est une convergence de fait.
⚖️ L’onde de choc morale
Mais ce calcul froid aurait un prix politique et symbolique colossal.
Une alliance explicite entre Macron et le RN signerait la fin du front républicain, ce fragile tabou qui tenait la digue depuis 1984.
Ce serait la fin du clivage gauche/droite au profit d’un axe unique : l’ordre contre le désordre, la stabilité contre la révolte.
Le centre exploserait.
Les électeurs progressistes de Macron se sentiraient trahis,
les centristes modérés (MoDem, Horizons) claqueraient la porte,
et la rue, déjà sous tension, pourrait s’embraser.
La crise politique se doublerait d’une crise morale.
♟️ La rationalité du cynisme
Et pourtant, sur le plan tactique, l’opération a du sens.
Macron pourrait se dire : “La gauche est divisée, la droite traditionnelle est morte, je n’ai plus qu’un rival : le RN. Alors je l’intègre.”
C’est la méthode italienne (Meloni), ou autrichienne (FPÖ).
Une coalition de l’ordre qui se justifie par le pragmatisme : gouverner coûte que coûte.
Le RN, lui, n’aurait même pas besoin d’entrer au gouvernement.
Il lui suffirait de laisser passer les textes clés pour s’habituer au pouvoir sans le compromettre.
Et préparer tranquillement 2027 en posture de “parti responsable”.
💣 L’explosion ou la recomposition
Ce serait, au choix :
- une déflagration finale, si la société rejette cette fusion des contraires ;
- ou une recomposition inévitable, si le pays s’habitue à l’idée qu’entre un libéralisme autoritaire et un nationalisme policé, la différence devient floue.
Car après tout, plus rien n’est vraiment explosif dans un pays où tout est déjà fissuré.














