« Non-censure du PS, erreur politique majeure »
En refusant de voter la motion de censure contre le gouvernement Lecornu, le Parti socialiste vient de commettre une erreur politique dont les conséquences pourraient marquer durablement la vie institutionnelle française. Derrière l’apparente habileté tactique – obtenir un simple décalage de la réforme des retraites – se cache en réalité une capitulation stratégique : celle qui offre à Emmanuel Macron la maîtrise complète du budget 2026, et donc, du tempo politique jusqu’à la fin de son quinquennat.
Car tout se jouait là.
La censure n’était pas une posture symbolique, mais le nœud stratégique du rapport de force entre le gouvernement et l’opposition. En la refusant, le PS a permis à Macron de franchir le cap budgétaire le plus crucial de son mandat : celui de l’avant-dernière année, où tout se décide – les dépenses publiques, les marges de manœuvre fiscales, les engagements européens, et même la préparation de la campagne présidentielle de 2027.
Or, en 2026, le budget de la France sera déjà voté – ou plutôt imposé – par le biais de la stratégie parlementaire. À partir de là, plus aucune censure n’aura de portée réelle :
- Un nouveau gouvernement pourra être nommé, certes, mais sans enjeu budgétaire.
- Le président aura verrouillé la trajectoire financière du pays jusqu’à la fin de son mandat.
- Les oppositions seront condamnées à l’impuissance parlementaire.
Autrement dit, Macron a gagné l’essentiel : le temps.
Le temps de gouverner sans contrainte, de gérer les affaires courantes, d’installer ses successeurs possibles, et de laisser son empreinte politique avant de quitter l’Élysée. Peu lui importe désormais les polémiques, les changements de ministres ou les soubresauts parlementaires : l’armature budgétaire de 2026 lui garantit la stabilité dont il avait besoin.
En cédant à la tentation du compromis, le PS s’est donc trompé de combat.
Il a confondu la tactique du calendrier avec la stratégie du pouvoir.
La censure, dans ce contexte, n’était pas un geste d’humeur : c’était le seul levier démocratique capable de bloquer la machine présidentielle. Son absence transforme une crise politique potentielle en simple épisode parlementaire vite refermé.
L’histoire retiendra peut-être que c’est dans cet instant précis, dans ce vote manqué, que la dernière chance d’équilibrer les institutions a été perdue.
Et qu’en renonçant à censurer, le Parti socialiste a offert à Macron non pas un répit, mais une victoire totale.














